Le TRICAT est fier de sa diététicienne du sport attitrée qui nous conte son aventure sur la GravelMan Series Verdun-Paris. Quel exploit ! Nous ne pouvons que te féliciter pour ta prouesse ! Voici son récit…

“Le 11 novembre 2021 à 6h, je me suis élancée pour “quelques” longues heures sur le vélo afin de relier Verdun à Paris.

Bien préparée, bien équipée, les sacoches bien accrochées, les gants, les sur-chaussures et les lumières installées, me voilà partie pour près de 360 km, en une seule fois.

Nous partons dans la nuit avec un ami du Trityc et il ne nous aura fallu que peu de temps avant que d’autres cyclistes se greffent à notre binôme. Nous roulons 20 bons kilomètres dans la nuit et le froid avant de rejoindre le premier checkpoint et de voir enfin le jour se lever.

Un moment d’éclairci et de soleil qui ne sera que de courte durée et nous voilà plongés dans un brouillard intense qui ne nous quittera pas jusqu’au coucher du soleil.

Les kilomètres défilent et passent relativement vite. J’ai froid à chaque fois que l’on s’arrête mais chaque pause est précieuse car nous traversons les campagnes dépourvues de tout commerce alors, lorsque l’on croise enfin une boulangerie (3 fois en tout), nous prenons le temps de nous arrêter pour se recharger en énergie.

Cela se déroule très bien, je n’ai pas mal aux jambes, un peu aux bras (quelle idée de prendre mon Aero !) et les genoux qui commencent à tirer au 180ème.

Nous traversons les vignes en Champagne, toujours dans le brouillard, et avec un bon petit groupe d’une dizaine de cyclistes avec qui nous roulons depuis 100 km et qui commencera à se détacher à partir de là. Nous continuons notre chemin à 4, et nous le finirons ensemble. On ne se connaissait pas, mais le reste de l’aventure sera riche en émotions et partage.

C’est vers 17 h que le soleil décide de faire son grand retour, quelques kilomètres avant le passage à Montmirail (Hello Godefroy) et cela nous fait du bien au moral avant d’attaquer les 150 km restants dans une nuit noire assourdissante tant elle est silencieuse.

Ma lampe tombe en panne à 19 h et je reste alors entre deux de mes collègues pour qu’ils puissent m’éclairer au maximum. Mais la nuit est très noire, nous n’avons aucune visibilité et je commence à fatiguer. Cela me demande énormément de concentration.

C’est à partir de 21 h , au km 240 que je commence à fleurter avec mes limites mentales et physiques. J’ai froid, j’ai mal. Je n’arrive plus à m’asseoir sur ma selle et je roulerai les 100 derniers km quasiment qu’en danseuse. Mes bras me font aussi énormément souffrir, et mes genoux tirent. D’ailleurs, je me rends compte que mes pieds sont gelés depuis le départ 15 h plus tôt.

Mes collègues sont également dans le dur et l’on s’attend, on se motive, on se soutient. La fin de course est longue car à la fatigue se mêlent la baisse de vitesse et l’augmentation des arrêts.

D’ailleurs, je n’ai pas réussi à bien m’hydrater depuis le matin. A 21 h je n’ai bu que 3 gourdes, le froid me paralyse et mes gourdes sont bloquées en dessous de mes sacoches, difficilement atteignables. Un comble pour une diététicienne du sport quand même ! Mais je vais le payer, pendant la course et après. Je n’ai pas été aux toilettes depuis le début de la course, et j’ai mal aux reins.

Les km s’enchaînent lentement et difficilement pour rejoindre l’arrivée et plus personne ne parle sur les 50 derniers km. Nous enchaînons également 4 belles côtes avant l’entrée dans la région parisienne qui me paraissent interminables dans la nuit.

Un de mes collègue tombe de son vélo et moi je perds l’équilibre au même moment. Il nous reste alors 30 km. Je crois que là, on en a tous marre ! Il est minuit passé, on a froid, on est fatigué, on a mal…

Un dernier effort, quelques km le long des quais de Seine, et Paris nous voilà. Le ciel noir est remplacé par un rouge sombre synonyme de pollution qui nous fait comprendre que nous y sommes.

353 km. 2700 m D+. Il est 1h53.

Je suis fatiguée, en totale déshydratation et hypoglycémie, et pourtant je n’arrive pas à manger. J’ai envie de vomir depuis 70 km.
Je prends un thé à la menthe avec 3 carrés de sucre pour limiter la casse.

Direction l’hôtel pour une courte nuit car réveillée par les douleurs au petit matin.

Les sensations au réveil ? Les tendons qui grincent, des bleus sur les jambes, des douleurs musculaires mais aussi nerveuses très douloureuses, les urines oranges foncées et des douleurs aux reins, le système digestif déréglé, mal aux poignets, une migraine digne d’un lendemain de soirée très arrosée.

Mais aussi, et surtout : la fierté. La joie. L’émotion. L’envie de pleurer de fatigue et de satisfaction. Le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’incroyable, d’avoir repoussé mes limites, d’avoir vécu une aventure humaine fabuleuse.

2 jours de dodo, 8 jours de repos, et je serai repartie pour de nouvelles aventures !

En tout cas, ce fut une très belle course, qui me donne envie (après coup) de retenter l’expérience du longue distance.”